Je voulais voir ce qu’il reste quand on retire ce qui apaise sans raison. Ce n’était pas une punition, ni un pari. J’ai arrêté le sucre pendant un mois pour me lancer un nouveau défi — par curiosité, et parce que je m’intéresse profondément à la nutrition. Je connais déjà les effets du sucre sur le corps, sur l’énergie, sur l’humeur. Mais je voulais observer, sur moi, ce que cela change réellement : dans la peau, dans le souffle, dans la tête.
J’ai tout arrêté : chocolat, fruits, douceurs. Presque aucun glucide, à l’exception de la patate douce et du riz. Je ne cherchais pas à manger moins, je voulais simplement me libérer d’une habitude qui, doucement, gouvernait trop. Alors que je ne consommais ni soda ni sucrerie mais notre alimentation industrialisée contient, quasiment à chaque fois, des sucres ajoutés.
La première semaine a été la plus brute. Le corps réclame et mon esprit négociait. On croit avoir faim, mais c’est une nostalgie du sucre. C’est aussi parfois la digestion. Dans ce cas, je consommais principalement des tisanes et rooïbois.
J’ai compensé autrement : des bâtonnets de carotte, des pois chiches grillés au paprika, un yaourt grec avec des graines, des olives, un œuf dur au sel et au poivre.
Puis des tomates cerises, du concombre avec du houmous, une wasa sans sucre garnie de cottage cheese et d’avocat. Des choses simples, réelles, vraies.
Très vite, tout est devenu plus fluide. Mon énergie s’est stabilisée, sans ces montées et ces descentes qui rythment nos journées à notre insu. Pas de creux, pas de coup de fatigue. Je dors mieux. Mon corps s’affinait. Mes abdos se sont dessinés comme naturellement. Mais le plus frappant, c’était l’absence de manque.
J’ai continué à faire du sport, comme toujours. Et quand les occasions se présentaient — un anniversaire, un dessert partagé — dire non n’avait rien d’un effort. Je ne me privais pas. J’évoluais. C’était pour moi, pas contre moi.
La dernière semaine a été plus subtile. J’observais mon copain manger mes céréales préférées sans ressentir de frustration, mais avec cette curiosité : “Et si j’allais jusqu’au bout ?” Je l’ai fait. Et le lendemain du trentième jour, quand j’aurais pu tout reprendre, je n’ai rien voulu. Le sucre ne m’attirait plus. C’est cela, la vraie liberté.
Depuis, j’ai lu la méthode Glucose Goddess de Jessie Inchauspé. Ses recherches confirment ce que j’ai ressenti : le sucre, dans sa forme isolée, dérègle plus qu’il ne nourrit. Si je devais donner un conseil, ce serait celui-ci : ne mangez jamais de sucre seul. Gardez-le pour la fin d’un repas, là où le corps peut le recevoir sans heurts.
Et osez le petit-déjeuner salé — c’est un repas, pas une exception. C’est la société qui a décidé qu’il devait être sucré.
Un mois sans sucre m’a appris bien plus que la retenue. Il m’a appris la clarté. Le calme dans le corps, la constance dans l’énergie, la liberté dans le choix.
Et je crois que, parfois, se passer de quelque chose, c’est simplement apprendre à mieux se connaître.